Pourquoi moi ?
Quand j’étais enfant, je me souviens m’être demandé, en regardant Vision Mondiale, pourquoi moi j’étais née ici. Qu’avais-je de particulier pour voir le jour dans un pays sans guerre ou chaque jour je pouvais manger à ma faim… et parfois même trop. Aujourd’hui, je n’ai toujours pas de réponse à cette question, mais quand je vois la souffrance, où qu’elle soit, cette question ressurgit à mon esprit et j’apprécie immédiatement ma vie.
Le Québec d’hier
Depuis vendredi soir, je vois sur mon fil d’actualités Facebook des amalgames qui me donnent froid dans le dos, comme cette pétition pour refuser l’asile au 25 000 réfugiés Syriens. Lorsque j’ai lu ça, je me suis souvenu de la perception que l’on avait des Juifs dans les années 30 et 40. Avant les camps de concentration, avant même la guerre, Duplessis, alors premier ministre, disait que les Juifs allemands, qui tentaient de fuir le fascisme hitlérien, envahiraient le Québec, mettant en péril les Canadiens français. Il affirmait, de source sure, prendre la défense des milliers d’agriculteurs qui perdraient leurs terres au profit des 100 000 Juifs qui débarqueraient pour s’y installer. (Pour en savoir plus lire l’article complet ici : http://embruns.net/logbook/2010/01/10.html#la-peur-du-juif-au-quebec-1 )
Bref, lorsque la guerre a éclaté, aucun pays occidental ne souhaitaient les accueillir. On avait peur du Juif et on ne craignait pas s’afficher contre. Certains villages ou lieux publics comme les restaurants leur refusaient carrément l’accès. Mais lorsque la guerre prit fin et que l’on vit ces humains amaigris au regard vide libérés des camps, lorsque l’on comprit que les Nazis en avaient gazé des milliers, alors une partie de l’humanité eu honte de leur avoir refuser l’asile. À cette époque, des Allemands, qui n’étaient pas Nazis, ont dû subir l’odieux de ce qu’avaient fait certains de leurs concitoyens.
À l’instar des Allemands qui n’étaient pas tous des Nazis, les Syriens ne sont pas tous des terroristes. Tous sont des humains qui craignent pour leur vie à chaque instant. Ils sont les premières victimes de l’État islamique. Depuis 2011, c’est plus de 150 000 morts Syriens. Ils subissent chaque jour ce que Paris a vécu vendredi soir. Le djihad a tué nettement plus de Musulmans que d’occidentaux. (pour comprendre le conflit syrien en 5 minutes, visionnez cette vidéo du quotidien Le Monde http://www.lemonde.fr/proche-orient/video/2014/04/24/comprendre-la-situation-en-syrie-en-cinq-minutes_4407121_3218.html )
La religion blâmée
Lorsque l’on targue l’Islam d’être une religion intolérante et violente, on oublie nos racines chrétiennes. Nul besoin d’évoquer l’époque lointaine de l’inquisition, ou des milliers de personnes ont été brûlées vivent sous prétexte qu’elles étaient des sorcières, des Juifs aussi ou personnes qui avaient avoué l’impensable sous la torture. Nous n’avons pas à remonter bien loin pour se souvenir combien l’église avait l’emprise sur l’esprit de ses brebis Québécoise.
Dans les années 50 et 60, les enfants nés hors mariage étaient étiquetés de bâtards et leurs mères se retrouvaient mis au rencart par leur propre famille. L’homosexualité était une maladie dont personne ne voulait dans sa famille. À l’époque, la politique et la religion faisaient front commun, tout comme en Syrie aujourd’hui. Et ils ont fait plusieurs victimes avec des mots, sans armements et sans bombes…
Humain avant tout
Contrairement à la majorité, je n’ai pas ajouté le filtre du drapeau français à mon profil. Non pas que je ne sois pas triste ou solidaire, au contraire ! Je suis solidaire de tous les humains qui subissent la guerre, les attentats et les aberrations commises au nom d’un dieu, quel qu’il soit. Je n’affiche pas ce drapeau français pour la même raison que j’étais contre la motion du l’Assemblée nationale dénonçant l’islamophobie. Je suis contre toute forme de violence ou discrimination, qu’elle soit religieuse ou nom. Étiqueter l’Islam dans cette motion constituait pour moi une forme de discrimination l’égard des autres victimes de ces gestes répréhensibles. Je suis solidaire des Français, mais aussi des Syriens, des Afghans et j’en passe.
Je suis certaine que la très grande majorité des Syriens qui tentent de fuir leur pays ne sont pas plus musulmans que je suis chrétienne. On m’a baptisé à ma naissance, sans me demander mon avis, parce que je suis née au Québec dans les années soixante. Je ne suis pas plus chrétienne que musulmane, hindouiste ou bouddhiste même si je tripe sur tous les textes sacrés. Ces écrits constituent le moyen que l’humain a trouvé pour passer à travers les difficultés de la vie. Tous ces textes comportent des messages d’amour, de tolérance et de partage avec les autres. Le problème ne se trouve pas dans les religions, mais plutôt de ce que certains en font, comment ils les interprètent.
Les Syriens n’ont pas choisi de naître en Syrie et ceux qui tentent de fuir ne cherchent qu’à vivre. Dans les années 80, le Canada a accueilli plus de 100 000 réfugiés vietnamiens. Est-ce que certains d’entre vous se sont sentis envahi ? 35 ans plus tard, tous ces réfugiés ont-ils eu un effet néfaste sur notre société ? Ils avaient besoin d’un refuge et nous leur avons ouvert nos portes. N’hésitons pas à l’ouvrir à nouveau pour ces humains qui en ont besoin. Demandons-nous ce que nous ferions si, par malheur, c’est nous qui étions nés-là plutôt qu’ici.
MAJ : Une pétition pour contrer la première est en ligne. Si vous partager le même avis que moi, n’hésitez pas à signer et partager. https://secure.avaaz.org/fr/petition/OUI_aux_refugies_Syriens_au_Canada_larrivee_des_25_000_refugies_syriens_en_sol_canadien/?spJZGeb
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