La face cachée de Pauline

6 avr 2014 par

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Texte écrit en collaboration avec Catherine Lemay

Dans la vie, rien n’est parfait. Absolument rien, et c’est très bien ainsi. Lorsqu’on nous offre la perfection sur un plateau d’argent, on doit se méfier. La perfection est l’apanage du marketing, et trop souvent, nous tombons dans le panneau.

C’est aussi vrai pour les humains. Chacun d’entre nous évoluons avec nos défauts et nos qualités. Ceux qui nous aiment le font en toute connaissance de cause. Quand on juge quelqu’un, qu’on le campe dans une image béton, on fait aux autres ce qu’on ne voudrait pas que l’on nous fasse. On déteste que nos gestes soient mal interprétés et on accepte mal que l’on ne puisse effacer cette image fautive de ce que nous sommes.

Nous vivons dans un monde où l’image vaut mille mots (maux?!?). De mon point de vue, la chef du PQ, à l’instar de plusieurs politiciens, est victime de deux stéréotypes qui ont la couenne dure : les politiciens sont tous des crosseurs et les riches sont tous des pourris. Remarquez qu’on pourrait inter changer les qualificatifs de ces deux phrases qu’elles demeureraient des vérités absolues pour la majorité de la population.

Pourquoi se lancer en politique active et y rester 35 ans!

Le regard cynique posé sur nos élus ne date pas d’hier. Pour ma part, je considère qu’il faut beaucoup de courage pour se lancer dans l’arène, peu importe le parti auquel on se joint. Postuleriez-vous sur un poste où vous devriez être disponible 24/24, où votre vie privée serait étalée dans tous les journaux et surtout où 50% des gens contesteraient vos décisions? Tout ça pour un salaire dérisoire en fonction de la tâche (une grande partie de nos élus pourraient gagner 4 voir 5 fois plus en occupant des postes de direction au privé…).

Comme toutes les sphères de notre société, la politique comporte son lot de trous-de-culs. Le pourcentage de ceux-ci est invariablement le même partout. Le hic, c’est qu’ils prennent toute la place dans les médias. Tout comme dans votre esprit, vous vous souvenez plus facilement d’un professeur abject de votre enfance sans avoir retenu ceux qui comme vous, étaient imparfaits, ni plus ni moins. Le cynisme entretenu à l’égard de la classe politique repose en grande partie sur l’œuvre de quelques opportunistes qui ne représentent qu’un faible pourcentage des politiciens.

On ne doit pas minimiser non plus l’impact des médias sur nos perceptions. La campagne actuelle constitue un bon exemple. Les sujets principaux des points de presse sont complètement évacués au profit de la campagne de salissage, tout parti confondu. Dans les vox pop, on blâme le politicien tout en lui reprochant de ne pas avoir parlé des vrais enjeux. Or, si vous allez visionner l’entièreté des points de presse, vous verrez qu’il n’en est rien. Le contenu principal bascule à la période de questions et c’est ce qui fera la machette, sans doute parce que c’est plus vendeur…

Riche et femme

Étrangement, au Québec, ceux qui réussissent sont toujours suspects. On oublie tous les efforts que le succès exige pour les réduire à de l’opportunisme ou encore de la fraude potentielle. Pauline Marois vient d’un milieu modeste où l’accès aux hautes études a nécessité des sacrifices de la part de ses parents. Son image de bourgeoise est fortement accentuée par le fait qu’elle soit une femme. Vous croyez que je délire? Portez-vous le même regard sur François Legault qui a des actifs tout à fait comparables?

2Être femme en politique n’a rien de simple, quoi qu’en dise Christine St-Pierre. L’image la plus forte qui me vient à l’esprit est celle d’Andrée Boucher lors de sa visite à Paris, en 2006. Une photo la montrait aux côtés de Raffarin dans une robe colorée, responsable d’un tollé médiatique. Cette femme faisait honte à sa ville en s’habillant comme un clown. De quoi a discuté la mairesse avec l’élite française? Peu d’entre vous peuvent le dire, mais combien se souviennent de cette robe? Quelques années plus tard, j’avais entendu Raffarin, en entrevue à la radio de Radiocan, dire que la France avait été touché par le fait que la mairesse portait une robe d’Yves St-Laurent. Pour les Français, cette tenue constituait une forme d’hommage.

La misogynie est aussi subtile qu’indécente. Vous n’êtes pas convaincu? Laissez-moi vous poser une autre question : Croyez-vous que Philippe Couillard se serait permit de lâcher un : « elle va y goûter » s’il avait parlé de Legault? De Bouchard? De Parizeau?

Une chef d’exception

J’ai connu Pauline Marois lorsque j’étais adolescente. Déjà à cette époque, sa force et sa détermination étaient palpables. Pauline a été pour moi un modèle, tout comme Lise Payette, Louise Beaudoin, Louise Harel et toutes les autres femmes qui se sont illustrées en politique et plus particulièrement au Parti Québécois.

En 1985, après le départ de Lévesque, Pauline arrivait deuxième à la course à la chefferie, derrière Pierre-Marc Johnson. Pour moi, c’est le second recul du PQ, le premier étant le beau risque de Lévesque. La victoire de Johnson correspond à la mise au placard du projet souverainiste. Plusieurs ont cru que de ne plus en parler nous aiderait à garder le pouvoir et ainsi protéger les intérêts du Québec.

Pendant plusieurs années, même si j’ai toujours voté PQ, je n’étais plus membre du parti. J’ai repris ma carte pour pouvoir exercer mon droit de vote à la course à la chefferie de 2005 et voter pour Pauline. Nous avons perdu, mais heureusement, elle est revenue!

monpq_532c4b1b82545Cette femme a survécu à toutes les campagnes de salissage, dont certaines venaient de son propre parti. Combien de fois les analystes politiques ont prédit son départ imminent? Plus souvent  que tous les chefs qui se sont succédé au sein de ce parti indomptable! Elle est forte, elle a nettement plus d’expérience que tous ses opposants et elle sait tenir tête à quiconque s’en prendrait aux intérêts du Québec.

Le PQ n’est pas parfait, certes, mais qui l’est? Qui aimerait être jugé et condamné après 18 mois au pouvoir, dans un gouvernement minoritaire? J’espère sincèrement que demain, on donnera la chance à ce gouvernement de faire ses preuves. En les élisant, on peut rêver d’un Québec où l’électrification des transports sera une priorité, où mourir dans la dignité deviendra possible et où la laïcité de l’État se concrétisera. Le PQ n’est pas parfait, mais pour moi, demain, il demeure la seule option.

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